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de Mme de La Guette.

sortes de courtoisie pendant trois mois que je demeurai là. La première fois que j’eus l’honneur de rendre mes très-humbles respects à Mme la princesse de Stenius, qui étoit logée dans le vieux château de Gand, elle me fit voir le lieu où l’empereur Charles-Quint avoit pris naissance, qui est un petit cabinet tout délabré. Je dis en moi-même « voilà qui est bien chétif pour un lieu qui a été honoré de la naissance d’un si grand empereur ; » puis je fis en même temps réflexion que Jésus-Christ, le monarque des monarques, avoit bien voulu naître dans une étable, qui est infiniment au-dessous, afin de nous faire une belle leçon de l’humilité.

Pendant que j’étois à Gand, M. le comte de Monterey[1], M. le comte de Marsin et M. le duc de Villa Hermosa y vinrent, et y séjournèrent trois ou quatre jours. Je les vis passer tous trois à cheval, qui me parurent fort satisfaits les uns des autres. La première fois que M. le comte de Marsin me vint voir, je ne pus pas m’empêcher de lui dire que je les croyois fort bien ensemble, et que j’avois reconnu cela quand ils avoient passé devant le logis de mon fils. Il me dit que je ne m’étois pas trompée, et qu’ils avoient beaucoup d’amitié les uns pour les autres. Cela ne dura pourtant pas longtemps, comme bien des gens ont su[2].

  1. Il étoit gouverneur des Pays-Bas espagnols. Il avoit été nommé à cet emploi en 1669, n’étant encore âgé que de vingt-huit ans.
  2. La rupture eut lieu en 1672 à propos du siège de Charleroi,