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Mémoires

cher. » Je ne me trompois pas, car c’étoit le valet de chambre de mon fils, qu’il m’envoyoit pour voir si j’étois en état de souffrir le carrosse ou un brancard, et lui avoit donné ordre de demeurer auprès de moi pour me servir dans mes besoins au cas que je ne pusse souffrir ni l’un ni l’autre. Il fut agréablement surpris de me rencontrer, et il étoit assuré que son maître auroit une grande satisfaction de me voir, car la lettre du chevalier de Neuve Chaize avoit mis mon fils fort en peine, à ce qu’il me dit. Je continuai mon chemin heureusement, et j’arrivai à Gand, où toute ma famille accourut à ma rencontre avec beaucoup d’empressement, et je n’en avois pas moins de mon côté. Mon fils aîné ne s’y trouva pas sur l’heure, parce qu’il dînoit avec M. le prince de Stenius. Ma belle-fille lui envoya un laquais pour lui dire mon arrivée ; il vint incontinent après et me fit mille caresses. Je ne plaignois ni mon voyage ni ma peine, étant ravie de sa bonne réception. Le lendemain de mon arrivée, quatre dames de qualité me firent l’honneur de me rendre visite. Mme la princesse de Stenius en étoit une, Mme la comtesse d’Acelle, Mme la baronne de Limalle et Mme la baronne de Rode. Je veux croire qu’elles s’en donnèrent la peine à cause de mon accident, jugeant bien que je ne serois pas sitôt en état de leur rendre ce qui leur étoit dû, et qu’ainsi elles avoient bien voulu me combler de leurs faveurs, étant des dames les plus honnêtes et les plus obligeantes du monde, dont je reçus toutes