Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
Mémoires

M. le comte de Marsin, croyant l’y rencontrer ; mais il étoit parti pour Modane assez mal satisfait, à ce que l’on me dit. Son intendant me reçut fort obligeamment, sachant bien que j’étois considérée de M. et de Mme de Marsin. J’y séjournai trois jours, puis je m’embarquai pour La Haye, où j’arrivai heureusement, et fus fort satisfaite de la réception que me fit ma belle-fille ; quant à mes fils, ils étoient tous deux en campagne. C’étoit un peu auparavant que l’armée navale de France et celle d’Angleterre parussent[1], car je me souviens qu’environ cinq ou six jours après on eut l’alarme la nuit, et qu’on disoit que les ennemis étoient vis à vis Scheveling. Tout le monde étoit debout par les rues, et comme nous étions nouvellement arrivées, ma belle-fille et moi, nous ne savions à quoi nous résoudre. Je lui dis néanmoins : « Allons trouver mademoiselle d’Obdam, qui nous dira ce que c’est, et nous ferons ce qu’elle fera en cette rencontre. » Mon fils avoit l’honneur d’être major de monsieur son frère ; nous la trouvâmes dans la rue comme les autres, mais résolue au dernier point. Elle nous dit que nous ne devions rien craindre ; que les ennemis n’étoient pas assez mal avisés pour mettre pied à terre ; que de plus ils ne le pouvoient pas faire à Scheveling, quand ils en auroient la volonté, pour des raisons qu’elle nous dit, dont je ne me souviens pas. Nous la crûmes

  1. Au mois de juin 1672. La déclaration de guerre que Louis XIV fit publier contre la Hollande est du 7 avril.