Vainement on chercheroit dans ses récits un mauvais propos. Sa pensée est toujours chaste et son langage toujours pur. Ce n’est pas ainsi que procédoient les romanciers, et surtout Gatien de Courtilz.
Les Mémoires diffèrent encore des romans contemporains par une grande sobriété et une grande retenue. Nous l’avons dit déjà, madame de La Guette ne se permet jamais la moindre digression. Elle se tient si étroitement attachée à son sujet qu’elle évite de s’en éloigner d’un mot, même pour compléter ses récits. Nous n’en citerons qu’un exemple : elle raconte assez longuement la visite qu’à la demande de la princesse de Condé elle fit au jeune duc de Bourbon, malade dans Bordeaux, et elle n’ouvre pas seulement une parenthèse pour dire que ce prince mourut fort peu de temps après. Sa discrétion est si absolue qu’elle ne fait pas même allusion aux propositions qu’elle fut apparemment chargée de porter à Marsin dans la même ville de la part de la reine et du cardinal Mazarin. Il falloit pourtant qu’elle eût reçu une communication importante, puisque le prince de Conty s’en montra satisfait et que La Guette fut envoyé aussitôt au prince de Condé, alors à Bruxelles, pour lui en donner connoissance. La simplicité qui règne dans cette relation du voyage de Bordeaux exclut toute idée d’invention et de supposition. Dans l’automne