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la plupart des grands, il fut renvoyé avec honneur. Son successeur traita les Hollandais moins humainement. Il les obligea d’aller chercher leur bois sur une montagne à trois lieues de la ville, après avoir été accoutumés jusqu’alors à se le voir apporter. Une attaque d’apoplexie les délivra de cet odieux maître au mois de septembre suivant.

Cependant ils ne se trouvèrent pas mieux de celui qui lui succéda. Lorsqu’ils demandèrent du drap pour se vêtir, en lui faisant voir que le travail avait usé leurs habits, il leur déclara qu’il n’avait pas reçu d’ordre du roi sur ce point ; qu’il n’était obligé de leur fournir que du riz, et que, pour leurs autres besoins, ils devaient eux-mêmes se les procurer. Ils lui proposèrent alors de leur accorder la permission de demander l’aumône, chacun, à leur tour, en lui représentant que, nus comme ils étaient, et leur travail ne leur produisant qu’un peu de sel et de riz, il leur était impossible de gagner leur vie. Cette grâce leur fut accordée, et bientôt ils eurent de quoi se garantir du froid.

Au commencement de l’année 1656, ils essuyèrent de nouveaux chagrins à l’arrivée d’un nouveau gouverneur. La liberté de sortir de la ville leur fut ôtée. Seulement le gouverneur déclara que, s’ils voulaient travailler pour lui, il leur donnerait à chacun trois pièces d’étoffes de coton ; mais ils rejetèrent humblement cette proposition, parce qu’ils n’ignoraient