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grands désordres, avait ordonné que les femmes de la nation parussent toujours dans un état capable d’irriter leurs désirs.

Un Pégouan qui veut se marier est obligé d’acheter sa femme et de payer sa dot à ses parens. Si le dégoût succède au mariage, il est libre de la renvoyer dans sa famille. Les femmes ne jouissent pas moins de la liberté d’abandonner leurs maris, en leur restituant ce qu’ils ont donné pour les obtenir. Il est difficile aux étrangers qui séjournent dans le pays de résister à ces exemples de corruption. Les pères s’empressent de leur offrir leurs filles, et conviennent d’un prix qui se règle par la durée du commerce. Lorsqu’ils sont prêts à partir, les filles retournent à la maison paternelle et n’en ont pas moins de facilité à se procurer un mari. Si l’étranger, revenant dans le pays, trouve la fille qu’il avait louée au pouvoir d’un autre homme, il est libre de la redemander au mari, qui la lui rend pour le temps de son séjour, et qui la reprend à son départ.

Ils admettent deux principes comme les manichéens : l’un, auteur du bien ; l’autre, auteur du mal. Suivant cette doctrine, ils rendent à l’un et à l’autre un culte peu différent. C’est même au mauvais principe que leurs premières invocations s’adressent dans leurs maladies et dans les disgrâces qui leur arrivent. Ils lui font des vœux dont ils s’acquittent avec une fidélité scrupuleuse aussitôt qu’ils croient en avoir obtenu l’effet. Un prêtre, qui s’attri-