lieues de ses bords ; ils laissent sur la terre un limon si gras, que les pâturages y deviennent excellens, et que le riz y croît dans une prodigieuse abondance.
Les principales richesses de ce royaume sont les pierres précieuses, telles que les rubis, les topazes, les saphirs, les améthystes, qu’on y comprend sous le nom général de rubis, et qu’on ne distingue que par la couleur, en nommant un saphir, un rubis bleu ; une améthyste, un rubis violet ; une topaze, un rubis jaune. Cependant la pierre qui porte proprement le nom de rubis est une pierre transparente, d’un rouge éclatant, et qui, dans ses extrémités, ou près de sa surface, a quelque chose du violet de l’améthyste. Sheldon ajoute que les principaux endroits d’où les rubis se tirent sont une montagne voisine de Cabelan ou Cablan, entre Siriam et Pégou, et les montagnes qui s’étendent depuis le Pégou jusqu’au royaume de Camboge.
Les Pégouans sont plus corrompus dans leurs mœurs qu’aucun peuple des Indes. Leurs femmes semblent avoir renoncé à la modestie naturelle. Elles sont presque nues, ou du moins leur unique vêtement est à la ceinture, et consiste dans une étoffe si claire et si négligemment attachée, que souvent elle ne dérobe rien à la vue. Elles donnèrent pour excuse à Sheldon que cet usage leur venait d’une ancienne reine du pays, qui, pour empêcher que les hommes ne tombassent dans de plus