Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/107

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barque qui portait quatre Indiens qui étaient venus pour vendre des pierres précieuses. Ces quatre Indiens pouvaient être les cautions de ses deux agens ; mais il comptait sur des prises plus importantes : c’était compter sur une imprudence grossière de la part du samorin, et cependant il ne se trompait pas. Ce prince jugea par cette conduite de l’amiral qu’il ignorait la détention des siens à Calicut ; et, pour l’entretenir dans cette confiance, il continua d’envoyer sur sa flotte des seigneurs de sa cour. Gama en arrêta six avec treize Indiens de leur suite. Il en renvoya deux au catoual, avec une lettre en langue malabare, où il demandait qu’on lui rendît ses deux facteurs. L’ordre fut donné de les délivrer ; mais, comme il ne s’exécutait pas assez promptement, l’amiral mit à la voile le 23, et alla se placer à quatre lieues au-dessous de Calicut. Il y resta trois jours, et, ne voyant paraître personne, il continua de s’éloigner, et commençait à perdre de vue les côtes, lorsqu’il vit arriver une barque avec quelques Indiens chargés de lui dire que les deux prisonniers étaient dans le palais du roi et lui seraient renvoyés le lendemain. Gama répondit qu’il voulait les recevoir sur-le-champ ; que, si la barque revenait sans eux, il la coulerait à fond ; et que, si elle ne revenait pas, il ferait couper la tête à tous ses prisonniers. Aussitôt il se rapprocha de la côte, et vint jeter l’ancre vis-à-vis de Calicut. Sept barques