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il donna ordre que tous ses vaisseaux se rangeassent vis-à-vis de Calicut, et fit tonner son artillerie sur la ville. Quantité de maisons et de temples, une partie même du palais, furent réduits en cendres. Les Indiens s’assemblant avec un empressement aveugle pour repousser le péril, les boulets tombaient au milieu de la foule, et n’en avaient qu’un effet plus terrible. Le samorin vit un naïre tué à-côté de lui d’un coup de canon, et s’enfuit saisi d’épouvante. Cabral fit cesser le feu pour donner la chasse à deux vaisseaux qui se présentèrent à la vue du port. Mais n’ayant pu les atteindre, il continua sa route vers Cochin, où il projetait d’établir un comptoir. Il y fut plus heureux que dans Calicut. Le roi de Cochin, vassal du samorin, ne fut pas fâché de se lier avec des étrangers puissans qui pouvaient lui assurer cette indépendance, le premier vœu de tout prince qui reconnaît un suzerain. Cochin est à quatre-vingt-dix lieues de Calicut. La commodité de son port attire un grand nombre de marchands. Cabral eut une audience du roi, et en fut très-bien traité. Il offrit quelques présens, qui furent d’autant mieux reçus, que ce prince était pauvre, quoique son pays ne le fût pas. Les Portugais eurent permission de charger leurs vaisseaux de marchandises du pays, et n’éprouvèrent aucune difficulté. L’alliance fut jurée entre le roi de Cochin et les Portugais. Cabral, en s’éloignant de cette ville, rencontra la flotte du