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ser ouvertement dans la vente de leurs marchandises et dans l’achat des épices dont le privilége exclusif avait été accordé aux Portugais, jusqu’à ce que leur flotte fût chargée, avec permission de saisir les vaisseaux maures où il s’en trouverait. Les Portugais usèrent imprudemment de leur droit de saisie. Il n’en fallait pas davantage pour soulever la multitude. C’était ce qu’attendaient les Maures : appuyés du catoual et de l’amiral de Calicut, ils firent croire aisément au samorin que les Portugais avaient excédé leurs priviléges, et que, leur flotte étant chargée, ils voulaient encore empêcher les autres marchands d’acheter. Le comptoir fut investi en un moment par une populace furieuse. Le nombre des assaillans montait à quatre mille, et plusieurs naïres étaient à leur tête. Il n’y avait dans le comptoir portugais que soixante et dix hommes, qui cependant osèrent se défendre. Cinquante furent pris ou tués. Le reste, tout couvert de blessures, se sauva par une porte qui donnait du côté de la mer, et regagna la flotte. Les marchandises furent pillées ; la perte montait à quatre mille ducats. À cette nouvelle, Cabral, ne respirant que la vengeance, attaqua deux gros vaisseaux indiens qui étaient dans le port, tua six cents hommes qui les défendaient, se saisit de leur charge, et les brûla à la vue des Maures qui couvraient le rivage, et d’une infinité d’almadies qui n’osèrent s’avancer, ou furent repoussées avec perte. Le lendemain