Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/201

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saisit le meurtrier, on le charge de chaînes ; son crime paraît si extraordinaire, qu’on renvoie au roi d’Espagne, afin que ce prince juge seul du supplice qu’il mérite. Philippe ii l’interrogea ; mais l’Espagnol s’obstina à garder le silence. Le roi voulait l’envoyer à Élisabeth, et s’en remettre à elle du châtiment d’un crime dont il ignorait la cause ; mais on l’en détourna, et quelque temps après, des prêtres obtinrent la grâce du criminel.

En 1608, les capitaines Sharpey et Rowles partirent de Woolwich, l’un sur le vaisseau l’Ascension, l’autre sur l’Union, chargés par la cour de découvrir, dans les mers d’Afrique et dans les Indes, les lieux les plus propres à un établissement. La tempête, qui les sépara au cap de Bonne-Espérance, ne leur permit pas d’achever ce projet. Sharpey alla relâcher aux îles de Comore, situées au 11e. degré sud, entre Madagascar et la côte orientale d’Afrique. Il y fut très-bien reçu des insulaires et du roi de l’île ; car les voyageurs donnent toujours le nom de rois à ces chefs de peuplades nègres. Des couteaux, des peignes, des miroirs, des mouchoirs, tous ces petits ouvrages d’une industrie vulgaire parmi nous, et inconnue chez eux, étaient des présens agréables et magnifiques pour ces sauvages ignorans. Dans toute l’Afrique, on a long-temps échangé et l’on échange même encore toutes ces bagatelles d’Europe contre la poudre d’or de la zone torride ; ce qui peut servir à prouver, en passant,