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ponces. Plus bas encore, la montagne est couverte de neige pendant toute l’année ; un peu plus bas, elle produit des arbres d’une hauteur surprenante, qui se nomment vinatico, dont le bois est fort pesant, et ne pourit jamais dans l’eau. Il y en a une autre sorte, qu’on appelle barbuzane, et qui est de la même qualité que le pin. Plus bas, on trouve des forêts très-longues. Le passage en est charmant par la quantité de petits oiseaux qui font entendre un ramage admirable : on en vante un particulièrement, qui est fort petit, et de la couleur de l’hirondelle, avec une tache noire et ronde au milieu de la poitrine. Son chant est délicieux ; mais, s’il est renfermé dans une cage, il meurt en peu de temps.

Ténériffe produit les mêmes fruits que l’île de Canarie. Il s’y trouve aussi, comme dans les autres îles, une sorte d’arbrisseaux nommés taybayba, dont on exprime un jus laiteux qui s’épaissit en peu de momens, et qui forme une excellente glu ; mais l’arbre qui se nomme dragonnier est propre à l’île de Ténériffe. Il croît sur les terres hautes et pierreuses ; et, par les incisions qu’on fait au pied, il en sort une liqueur qui ressemble au sang, et dont les apothicaires font une drogue médicinale[1]. On fait du bois de cet arbre des targettes ou de petits boucliers qui sont fort estimés, parce qu’ils ont cette propriété, qu’une épée dont on les frappe s’y enfonce et tient si fort

  1. Ce qu’ils appellent sang de dragon.