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au bois, qu’on ne l’en retire pas sans peine.

Cette île porte plus de blé que toutes les autres ; ce qui lui a fait donner le nom de nourrice et de grenier dans tous les temps de disette et de cherté. Il croît sur les rochers de Ténériffe une sorte de mousse, nommée orseille, qui s’achète par les teinturiers. L’île, au temps de Nicols, avait douze inganios[1] manufactures de sucre ; mais on y admire particulièrement un petit canton, qui n’a pas plus d’une lieue de circonférence, auquel on prétend qu’il n’y a rien de comparable dans l’univers. Il est situé entre deux villes, dont l’une se nomme Orotava, et l’autre Rialejo. Ce petit espace produit tout à la fois de l’eau excellente, qui s’y rassemble des rocs et des montagnes ; des grains de toute espèce, toutes sortes de fruits, de la soie, du lin, du chanvre, de la cire et du miel, d’excellens vins en abondance, une grande quantité de sucre, et beaucoup de bois à brûler. En général, l’île de Ténériffe fournit beaucoup de vin aux Indes occidentales et aux autres pays : le meilleur croît sur le revers d’une colline qui s’appelle Ramble. La ville capitale, nommée Laguna, est située sur le bord d’un lac dont elle tire son nom, à trois lieues de la mer. Elle est bien bâtie, et l’on y compte deux belles paroisses. C’est la résidence du gouverneur ; les échevins y obtiennent leurs emplois de la cour d’Es-

  1. Il faut observer qu’aujourd’hui la culture est fort diminuée aux Canaries, depuis qu’on a préféré celle des vignobles.