Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pitale, qui se nomme Palma, fait un grand commerce de vin aux Indes occidentales et dans les autres pays. Elle est ornée d’une très-belle église. L’administration des affaires et de la justice est entre les mains d’un gouverneur et d’un conseil d’échevins. L’île n’a qu’une autre ville nommée Saint-André, assez jolie, mais fort petite. Elle a quatre inganios, où l’on fait d’excellent sucre. Le terroir produit peu de blé ; dans leurs besoins, les habitans ont recours à l’île de Ténériffe.

L’île d’Hierro ou Herro, que nous appelons l’île de Fer, est à seize lieues au sud de Palma. Son circuit est d’environ six lieues. Elle appartient au comte de Goméra. On y recueille peu de grains. Ses principales productions sont l’orseille, les figues et l’eau-de-vie. Les bestiaux y sont abondans ; leur chair est du meilleur goût. Les forêts renferment des cerfs et des chevreuils. Quelques voyageurs ont raconté qu’elle n’a d’autre eau douce que celle qu’on y recueille à la faveur d’un grand arbre qui se trouve au milieu de l’île, et qui est sans cesse couvert de nuées. L’eau qui distille sur les feuilles tombe continuellement dans deux grandes citernes qu’on a construites au pied de l’arbre, et suffit pour les besoins des habitans et des bestiaux. Jackson rapporte qu’étant à Fer en 1618, il a vu l’arbre de ses propres yeux ; qu’il lui a trouvé la grosseur d’un chêne, l’écorce fort dure, et six à sept aunes de hauteur ; les feuilles rudes, de la couleur des feuil-