Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

que les Espagnols ont nommée Dornajito en el Monte verte, c’est-à-dire Petit trou dans la Montagne verte : ce nom lui vient, comme l’auteur le suppose, d’un trou très-profond qu’on trouve un peu plus loin sur la droite, dans lequel tombe une eau pure et fraîche qui descend des montagnes. Après avoir marché par des chemins tantôt rudes, tantôt fort aisés, ils arrivèrent à trois heures près d’une petite croix de bois que les Espagnols appellent la Cruz de la Solera, d’où ils aperçurent le pic devant eux ; mais, quoique depuis la ville ils eussent monté presque continuellement par divers détours, il ne leur parut pas moins élevé, et les nuées blanches en couvraient encore la pointe.

Un demi-mille plus loin, ils se trouvèrent sur le dos de la montagne, fort rude et fort escarpée, qui se nomme Caravalla, nom qui lui vient d’un grand pin que leur guide les pria d’observer : cet arbre jette en effet une grande branche qui, par la manière dont elle s’avance au-delà des autres, a l’air d’un mât, tandis que les autres forment une touffe qui ressemble à la partie d’avant d’une caravelle ; on trouve d’ailleurs des deux côtés un grand nombre d’autres pins. Entre ces arbres ils virent plusieurs ruisseaux de soufre enflammé qui descendaient de la montagne en serpentant, et de petits tourbillons de fumée qui s’élevaient des lieux où le soufre avait commencé à s’enflammer. Ils eurent le même spectacle la nuit suivante, lorsqu’ils se retirèrent