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cipal office était de composer une certaine préparation de poudres différentes et de plusieurs herbes mêlées ensemble, et liées avec du beurre de chèvre ; qu’après avoir lavé soigneusement les corps morts, ils les frottaient pendant quinze jours avec ce baume, en les exposant au soleil, et les tournant sans cesse jusqu’à ce qu’ils fussent entièrement secs et raides (le temps pour cette cérémonie réglait pour les parens la durée du deuil) ; qu’ensuite on enveloppait les corps dans des peaux de chèvre cousues ensemble avec une adresse et une propreté merveilleuse ; qu’on les portait dans des cavernes profondes, dont l’accès n’était permis qu’aux ministres des funérailles, et qu’on les y plaçait couchés ou debout. Scory, étant à Ténériffe, avait vu plusieurs de ces corps qui étaient ensevelis depuis plus de mille ans. Cependant il n’ajoute point à quelles marques on pouvait leur reconnaître tant d’antiquité. Purchass rend témoignagne lui-même qu’il avait vu deux de ces momies à Londres. On en voit une au cabinet d’anatomie du Jardin du Roi, à Paris.

Quelques géographes mettent Madère au rang des Canaries. L’histoire de la découverte de cette île offre beaucoup de circonstances qui tiennent du roman : nous les rapporterons sans les garantir. Ces sortes de détails, que nous nous permettons quelquefois, sont du goût de la plupart des lecteurs, et varient l’uniformité des descriptions.