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tion lorsque le corps était devenu extrêmement léger ; alors on le cousait dans des peaux de chèvre, comme on l’a déjà fait observer[1]. Il est remarquable que, pour éviter la dépense, lorsqu’il était question des pauvres, on leur ôtait le crâne : ils étaient cousus aussi dans des peaux, mais auxquelles on laissait le poil ; au lieu que celles des riches étaient si fines, et passées si proprement, qu’elles se conservent fort douces et fort souples jusqu’aujourd’hui.

Les Guanches racontent qu’ils ont plus de vingt grottes de leurs rois et de leurs grands hommes, inconnues, même parmi eux, excepté à quelques vieillards qui sont dépositaires de ce secret, et qui ne doivent jamais le révéler. Enfin l’auteur observe que la grande Canarie a ses grottes comme Ténériffe, et que les morts y étaient ensevelis dans des sacs ; mais que, loin de les conserver si bien, les corps y sont entièrement consumés.

Les Guanches ont dans ces lieux funèbres des vases d’une terre si dure, qu’on ne peut venir à bout de les casser. Les Espagnols en ont trouvé dans plusieurs grottes, et s’en servent au feu pour les usages de la cuisine.

Scory nous apprend que les anciens Guanches avaient un officier public pour chaque sexe, avec le titre d’embaumeur, dont le prin-

  1. Comme les anciens navigateurs connaissaient les Canaries, on peut conjecturer que cet art d’emhaumer les corps a été enseigné aux Guanches par les Égyptiens, qui l’ont conservé chez eux jusqu’à nos jours.