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l’eau de la mer, formait une sorte de port. Il crut y découvrir les traces de quelques animaux ; ce qui rendit sa curiosité d’autant plus vive, que jusqu’alors il n’en avait point encore aperçu ; mais il fut bientôt détrompé en voyant sauter dans l’eau un grand nombre de veaux marins, ou phoques : ils sortaient d’une caverne que l’eau avait creusée au pied de la montagne, et qui était devenue comme le rendez-vous de ces animaux.

Les nuées devinrent si épaisses dans cet endroit, que, faisant paraître les rochers beaucoup plus hauts, et trouver beaucoup plus terrible le bruit des vagues qui venaient s’y briser, Zarco prit la résolution de retourner vers son vaisseau. Il se pourvut d’eau, de bois, d’oiseaux et de plantes de l’île, pour en faire présent au prince Henri ; et, remettant à la voile pour l’Europe, il arriva au port de Lisbonne vers la fin d’août 1420, sans avoir perdu un seul homme dans le voyage.

Le succès d’une si belle entreprise lui attira tant de considération à la cour de Portugal, qu’on lui accorda publiquement un jour d’audience pour faire le récit de ses découvertes. Il présenta au roi plusieurs troncs d’arbres d’une grosseur extraordinaire ; et sur l’idée qu’il donna de la prodigieuse quantité de forêts dont il avait trouvé l’île couverte, le prince la nomma île Madère[1]. Zarco reçut ordre d’y retourner au printemps avec la qualité de capitaine ou de

  1. Du mot portugais madera, qui signifie bois.