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gouverneur de l’île, titre auquel ses descendans joignent celui de comte.

L’île de Madère est située à 32° 37′ de latitude nord, et à cent lieues au nord de l’île de Ténériffe.

Elle produit un revenu considérable au roi de Portugal. Sa capitale, qui se nomme Funchal, est fortifiée par un château. Le port est commode et bien défendu. On admire dans la ville l’église cathédrale, où l’on n’a rien épargné pour la beauté de l’édifice et pour l’établissement du clergé. Le gouvernement est formé sur celui de Portugal, où l’appel des causes se porte en dernière instance. Le circuit de l’île est d’environ trente lieues ; sa terre est haute. Les beaux arbres qu’elle produit en abondance croissent sur des montagnes au travers desquelles on a trouvé l’art de conduire l’eau par diverses machines. Elle a une seconde ville, nommée Machico, dont la rade est aussi fort avantageuse aux vaisseaux. On compte dans l’île de Madère six inganios ou manufactures, où l’on fait d’excellent sucre[1]. Elle produit une abondance extrême de toutes sortes de fruits : poires, pommes, prunes, dattes, pêches, abricots, melons, patates, oranges, limons, grenades, citrons, figues, noix, et des légumes de toute espèce. L’arbre qui donne le sang-dragon y croît aussi ; mais rien ne lui fait tant d’honneur

  1. On ne tire plus de sucre de Madère depuis qu’il est devenu l’un des principaux objets de culture dans les colonies d’Amérique. Á Madère, comme aux Canaries, on préfère la culture des vignobles.