Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans lesquelles il séjourna près d’un an. Ensuite, comme il devait mettre à la voile pour la Barbarie, Roberts acheta une felouque nommée la Marguerite, d’environ soixante tonneaux, pour commercer en son propre nom. Il la chargea de marchandises qu’à son retour il croyait vendre avec avantage aux îles du cap Vert. C’est dans le voisinage de ces îles que l’attendait son malheur.

Vers le soir, il découvrit trois bâtimens ; et le premier, qu’il observa soigneusement avec sa lunette, lui parut gros et chargé. Il ne douta point que les autres ne fussent de même, et qu’ils n’arrivassent ensemble. Cependant comme le calme continuait, et qu’ils ne faisaient aucun signe, il passa la nuit à l’ancre ; mais le vent s’étant levé avec le soleil, il aperçut bientôt sur le vaisseau qu’il avait observé un grand nombre d’hommes en chemise, et une longue bordée de canons qui lui rendirent cette rencontre fort suspecte. Il était trop tard pour se dérober par la fuite. Déjà le vaisseau était fort proche. Cependant, lorsqu’il fut à la portée du canon, ce vaisseau arbora le pavillon d’Angleterre, ce qui rendit l’espérance aux Anglais. Roberts se hâta de faire paraître aussi le sien. Il remarqua que le vaisseau portait environ soixante-dix hommes et quatorze pièces d’artillerie. Le capitaine, se faisant voir sur l’avant, demanda à qui appartenait la felouque, et d’où elle venait. Roberts répondit qu’elle était de Londres, et qu’elle venait de la Barbarie. Fort bien ! lui dit-on, c’est