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ce qu’on n’ignorait pas. Là-dessus on lui ordonna brusquement d’envoyer sa chaloupe.

Roberts ne fit pas difficulté d’obéir. Le capitaine du vaisseau était un Portugais, nommé Jean Lopez, comme on l’apprit ensuite ; mais qui, sachant fort bien la langue anglaise, avait jugé à propos de se faire passer pour un Anglais né vers le nord de l’Angleterre, sous le nom de John Russel. Il demamda aux deux matelots que Roberts lui avait envoyés où était le patron de la felouque. Ils lui montrèrent Roberts, qui était à se promener sur son tillac. Aussitôt la fureur paraissant dans ses yeux, il l’accabla d’injures. Roberts était en mules et en chemise, aussi peu capable de défense par sa situation que par la petitesse et le mauvais état de son bâtiment. Il comprit dans quelles mains il était tombé, et qu’en déclarant son mépris par le silence, il s’exposait à se faire tuer d’un coup de balle. Sa réponse fut une marque honnête d’étonnement sur la manière dont il se voyait traité. On continua les outrages, et l’on y joignit les plus furieuses menaces, avec des reproches de ce qu’il n’était pas venu lui-même à bord. Il répondit que, n’ayant entendu demander que la chaloupe, il n’avait pas cru que cet ordre le regardât personnellement. « Quoi ! misérable chien, reprit Russel, tu feins de ne m’avoir pas entendu ! Je vais te faire prendre de meilleures manières. »

Russel donna ordre aussitôt à quelques-uns de ses gens de lui amener Roberts, et chargea