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que jour dans une occasion aussi favorable, il lui promettait de le dédommager de sa perte ; enfin qu’il faisait profession d’être son serviteur et son ami. Quand j’aurais osé lui faire une réponse outrageante, dit Roberts, tant de caresses feintes ou sincères m’en auraient ôté la force, et m’obligeaient de le remercier.

Il reconnut parmi les pirates trois Anglais qui avaient servi sous lui, et qui lui apprirent, sous la foi du secret, que Russel avait proposé de le garder dans leur troupe, parce qu’on avait su de son pilote qu’il connaissait parfaitement la côte du Brésil, où les corsaires avaient dessein de se rendre ; mais qu’il avait un moyen de s’en garantir, en disant qu’il était marié, parce que les pirates s’étaient engagés par un serment inviolable à ne jamais employer parmi eux d’homme marié ; que cependant Russel, préférant l’intérêt général au respect du serment, proposait de passer par-dessus cette loi ; mais que Lo et les autres s’y opposaient.

À peine s’étaient-ils retirés, que le général parut sur le tillac pour ordonner qu’on assemblât le conseil avec le signal ordinaire : c’était un pavillon de soie verte, que les pirates appelaient the green trumpeter, c’est-à-dire, le trompette vert, parce qu’il portait la figure d’un homme avec la trompette à la bouche. Tout le monde s’étant rendu sur le vaisseau du général, et s’étant placé les uns dans sa chambre, les autres sur les ponts, et dans les endroits que chacun voulut choisir, il leur déclara qu’il ne les