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dans leur île, ils employaient le coton à leurs propres besoins, et qu’il n’y avait pas d’habitant qui ne lui en donnât volontiers quelque pièce pour raccommoder ses voiles. Mais il les assura qu’il ne prendrait rien d’eux sans le payer. Si j’avais eu, dit Roberts, quelques grains de verre ou d’autres bagatelles, j’aurais acquis tous le coton de l’île.

Ils admirèrent beaucoup son horloge de sable et ses instrumens astronomiques. Les Portugais, à qui ils avaient quelquefois vu des machines de la même espèce, n’avaient jamais voulu leur en apprendre l’usage. Roberts prenant plaisir à leur donner quelque explication, ils lui dirent que tous les blancs étaient autant de fittazares (nom qu’ils donnent à leurs sorciers). Il leur répondit que toute correspondance avec le diable faisait horreur aux Anglais, et que dans leur pays les sorciers étaient brûlés vifs. C’est une fort bonne loi, lui répondirent-ils, et nous en souhaiterions ici l’usage. Mais, pour expliquer l’habileté des blancs, ils conclurent que, sans être aussi méchans que les sorciers, puisqu’ils les punissaient par le feu, ils devaient être plus savans que le diable même ; et la raison qu’ils en apportèrent, c’est qu’ils avaient remarqué que leurs sorciers, dont le savoir venait du diable, n’avaient aucun pouvoir contre les blancs. Là-dessus ils prièrent Roberts d’employer ses lumières pour les empêcher de nuire à leurs bestiaux, et surtout à leurs enfans, qu’ils faisaient mourir par des maladies de langueur,