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secours précieux, si l’on considère le pays et les habitans. Il était composé de quatre pieux enfoncés dans la terre à de justes distances, et de quatre pièces de bois informes qui les joignaient ensemble, sans autre lien que des cordes de bananier. Le fond était rempli d’une paillasse de cannes, sur laquelle on avait mis une grande quantité de feuilles sèches de bananier couvertes d’une natte, et pour draps, deux pièces d’une étoffe blanche de coton. La courte-pointe était aussi de coton à raies bleues et blanches.

Roberts passa deux mois dans la maison du seigneur Antonio Gomerès sans pouvoir se rétablir ; mais ayant commencé à reprendre ses forces, il se fit un amusement de la pêche. Il employait souvent trois ou quatre jours entiers à cet exercice. Les Nègres portaient le bois dont ils avaient besoin pour allumer du feu et faire cuire le poisson. Ils trouvaient du sel sur les rocs, où la chaleur du soleil le formait naturellement de l’eau de la mer.

Dans la familiarité où Roberts vivait avec les Nègres, il s’informa quels vaisseaux ils avaient vus dans leur île depuis quelques années. Il n’en était arrivé que deux dans l’espace de sept ans : l’un d’Angleterre, qui avait acheté des porcs ; l’autre portugais, qui, transportant des esclaves de Saint-Nicolas au Brésil, avait relâché à Saint-Jean pour faire de l’eau, mais s’était vu enlever de dessus ses ancres par une violente tempête. L’intention de Roberts était de passer dans l’île Saint-Philippe, où il savait que les vaisseaux