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abordaient plus souvent. Après de longues réflexions, il prit le parti de rassembler tous les débris de sa felouque, et d’en composer une barque avec le secours des Nègres. Il lui donna vingt-cinq pieds de long sur dix de largeur, et quatre pieds dix pouces de profondeur. Il la calfata de coton et de mousse avec un enduit de suif mélé de fiente d’âne. Cette composition acquit tant de dureté en séchant au soleil, que non-seulement la chaleur n’était pas capable de la fondre, mais que l’eau de la mer ne pouvait l’endommager. La fiente d’âne la défendait contre les poissons, qui auraient mangé le suif, sans ce mélange. D’ailleurs Roberts n’aurait pu se procurer assez de suif pour fournir à tout l’ouvrage ; car il observe que quarante chèvres ne lui en donnaient pas plus de cinq livres, et qu’une vache grasse n’en rendait pas davantage.

Lorsqu’il crut avoir mis sa barque en état de supporter la mer, il obtint des Nègres une ancre qu’ils avaient pêchée après le départ du vaisseau portugais dont on a raconté l’accident. Il s’approcha ainsi de Furno, d’où il se rendit à la ville pour y faire ses adieux : mais il fut fort surpris que Franklin, après lui avoir promis constamment de s’embarquer avec lui, eût changé tout d’un coup de résolution. Il affecta de paraître satisfait de ses raisons ; et, sans autre compagnie que son matelot et six Nègres qui s’étaient offerts à le suivre, il partit deux heures avant le jour avec la marée du matin.

Après avoir erré quelque temps, il fut encore