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L’indigo et l’ambre gris ne sont pas inconnus dans l’île de Mayo, quoique l’un et l’autre y soient rares. Les insulaires salent la chair des chèvres, et la transportent dans des tonneaux ; ils préparent les peaux avec beaucoup de propreté. Dampier assure qu’ils en vendent tous les ans plus de cinq mille.

Mais leur principale richesse est le sel. L’île de Mayo est la plus célèbre de celles du cap Vert pour cette utile marchandise, dont les Anglais viennent charger annuellement plusieurs vaisseaux. Le temps de leur cargaison est ordinairement l’été.

Dampier a décrit la manière de faire et de charger le sel, avec un détail plus exact qu’on ne le trouve dans aucun autre voyageur. À l’ouest, c’est-à-dire dans la partie de l’île où la rade est située, la nature a formé une grande baie, qui est traversée par un banc de sable, large seulement d’environ quarante pas, mais long de deux ou trois milles. Entre ce banc et les collines sur la côte on voit une saline, ou un étang de sel, d’environ deux milles de longueur sur un demi-mille de largeur. La moitié de cet espace est presque toujours à sec ; mais la partie qui est au nord ne manque jamais d’eau. C’est dans cette dernière partie que, depuis le mois de novembre jusqu’au mois de mai, c’est-à-dire dans toute la saison de la sécheresse, on trouve toujours du sel. L’eau dont il se forme est amenée de la mer par de petits aqueducs pratiqués dans le banc de sable.