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rant la liberté aux esclaves nègres, il est assez vraisemblable qu’un grand nombre de ces affranchis ont choisi leur retraite dans l’île de Fuégo, que les Portugais ont peu fréquentée à cause de son volcan et de son peu de fertilité. Cependant la plupart de ces Nègres libres tiennent leurs terres des blancs, qui ont conservé la propriété des meilleurs cantons, surtout vers les bords de la mer. Il s’y trouve des blancs qui ont jusqu’à trente et quarante esclaves. Plusieurs Nègres en achètent aussi pour du coton, qui autrefois tenait lieu d’argent dans l’île, comme le tabac à Maryland et dans la Virginie.

Fuégo était le plus grand marché de coton qu’il y eût dans toutes les îles du cap Vert. Mais on en a tant tiré, que la source en est comme tarie ; de sorte que ce qui était autrefois la principale production de l’île y manque aujourd’hui. Cette rareté du coton dans les îles de San-Iago et de Fuégo a porté les Portugais à défendre, sous de rigoureuses peines, aux habitans de ces deux îles d’en vendre aux Français et aux Anglais, qui en venaient prendre, ainsi que les Portugais, des cargaisons entières pour la Guinée. Ce règlement continue de s’observer à San-Iago ; mais, comme Fuégo est sans douane, il y est fort négligé.

On donne aussi à l’île de Saint-Jean le nom de Brava, qui signifie sauvage, apparemment parce qu’elle a été fort long-temps déserte. Sa terre est fort haute, et composée de montagnes qui s’élèvent l’une sur l’autre en pyramide ; ce-