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les Anglais qui leur fournissaient des ustensiles et d’autres marchandises de leur goût, pour lesquelles ils tiraient d’eux en échange des ânes et des rafraîchissemens ; mais la même famine qui détruisit leurs bestiaux fit aussi sortir de l’île tout l’argent que les Portugais y avaient laissé ; car, dans le besoin où ils étaient de toutes sortes de secours, un vaisseau qui leur apportait les moindres provisions était sûr de se les faire payer à grand prix.

Chaon, Branca et Sainte-Lucie sont également dépourvues d’habitans et d’eau douce, et les deux premières n’ont pas même de bestiaux.

Saint-Vincent, que les Portugais nomment San-Vincente, est une île basse et sablonneuse du côté du nord-est, mais haute dans la plupart de ses autres parties, et fort riches en rades et en baies.

La pêche y est abondante. Entre plusieurs sortes de poissons, Froger en remarque un qu’il appelle bourse, d’une beauté extraordinaire, des yeux duquel il sort des rayons, et qui a le corps marqueté de taches hexagones d’un bleu fort brillant.

Froger assure qu’il se trouve à Saint-Vincent des tortues qui pèsent jusqu’à trois ou quatre cents livres. Il ne faut que dix-sept jours à leurs œufs pour acquérir toute leur maturité dans le sable ; mais les petites tortues qui en sortent ont besoin de neuf jours de plus pour devenir capables de gagner la mer, ce qui fait que les deux tiers sont ordinairement la proie des oiseaux.