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Les idées des chrétiens d’Europe s’étaient fort rétrécies sous le monachisme, mais les croisades les étendirent : Venise, devenue le premier état commerçant, eut le goût des conquêtes et des découvertes. La marine d’Europe, que des souverains faibles d’esprit et de moyens avaient laissé dépérir, se releva sous la main des républiques commerçantes ; et pendant qu’on alla chercher le poivre et le cardamome dans l’Inde, on s’habitua aux expéditions maritimes. Les Grecs dont l’empire était resté debout au milieu de tous les bouleversemens de l’Europe, auraient dû éclairer le monde par des connaissances de tous les genres ; mais les disputes théologiques sur l’essence de la lumière du mont Thabor, les occupèrent bien plus vivement que la connaissance de la partie du monde qu’ils habitaient, et les Turcs qui se souciaient de géographie encore, moins que les Grecs, vinrent substituer leur barbarie aux subtilités scolastiques des écoles de Byzance, comme les Goths et les Lombards, avaient imposé à l’Italie leur ignorance et leur rudesse.

Tout ce qu’on avait gagné en connaissances géographiques, depuis la chute de l’empire romain, se réduisait au nord de l’Europe, et à une partie de l’intérieur de l’Asie ; il avait fallu, en outre, apprendre de nouveau ce que les Romains avaient su et ce que les barbares avaient fait oublier. On en était là, quand, au commencement du quinzième siècle, on découvrit l’utilité de la boussole, et quand les