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quatre flûtes qu’ils accompagnaient de la voix. L’amiral fit sonner ses trompettes, et tous, Nègres et Portugais, se mirent à danser ensemble, tant la musique a de pouvoir pour unir les hommes ! De San-Blas on arriva jusqu’à l’embouchure d’une rivière qui fut nommée de los Reyès, parce qu’on était au jour de l’Épiphanie. En général, presque tous les noms européens donnés à ces nouveaux pays étaient ceux des saints que l’on fêtait le jour où l’on prenait terre.

On serrait le rivage d’assez près pour s’apercevoir que plus on avançait le long de la côte, plus les arbres étaient grands et touffus, plus le pays s’embellissait dans la perspective. On descendait de temps en temps à terre, mais avec précaution. Un roi du pays vint visiter Gama sur son bord. On relâcha quelque temps dans une contrée fort peuplée, que les Portugais nommèrent la terre du Bon Peuple, tant ils furent satisfaits des traitemens qu’ils y reçurent. Ils avaient avec eux un interprète nommé Martin Alonzo, qui savait plusieurs langues nègres, et qui leur servait à lier commerce avec les naturels du pays. Ils passèrent le cap de Corientes, ou des Courans, cinquante lieues au delà de Sofala, sans avoir aperçu cette ville. Le 24 janvier, ils remontèrent la rivière, qu’on nomma Rio de buenos Sinays, ou rivière des Bons Signes. Les bords en sont charmans, les habitans doux et civilisés, et assez instruits dans la navigation