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des voyages

des hommes inconnus sur des vaisseaux d’une forme extraordinaire. Bentaybo confirma cette nouvelle en y joignant des détails qui devaient flatter le samorin. Un roi chrétien lui envoyait, de l’extrémité du monde, un ambassadeur, avec des lettres et des présens, pour lui demander son amitié. La réponse fut aussi favorable qu’elle pouvait l’être. On assurait Gama qu’il serait très-bien reçu, et on lui envoyait un pilote pour le conduire à la rade de Padérane, où ses vaisseaux seraient en sûreté, et d’où il pouvait se rendre par terre à Calicut. L’amiral suivit le pilote ; mais, dans la crainte de quelque trahison, il refusa de s’engager trop avant dans le port de Padérane. Le samorin, sans s’offenser de cette défiance, lui fit dire, par le catoual ou principal ministre, qu’il était le maître de débarquer où il voudrait. Gama déclara aux siens qu’il voulait descendre lui-même à terre, et aller proposer au samorin un traité d’alliance et de commerce. Tout le conseil combattit cette résolution. On lui représenta que le succès du voyage et le salut de la flotte dépendaient de sa vie ; mais Gama, jaloux d’achever lui-même son ouvrage, persista dans son dessein. Il ordonna seulement que, s’il lui arrivait quelques disgrâces, on mît sur-le-champ à la voile pour aller porter dans sa patrie l’heureuse nouvelle de la découverte de l’Inde.

Le lendemain, 28 de mai, il se mit dans sa chaloupe avec quelques petites pièces d’artil-