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seigneur leur parut d’un mérite distingué. Mais celui qui lui succéda bientôt devint leur fléau. La plus grande faveur qu’il leur accorda, fut de couper du bois pour en faire des flèches à ses gens. Les domestiques des seigneurs coréens n’ont d’autres occupations que de tirer de l’arc, parce que leurs maîtres font gloire d’entretenir d’excellens archers.

À l’entrée de l’hiver, les Hollandais demandèrent au nouveau gouverneur qu’il leur fût permis de mendier pour se procurer des habits. Ils obtinrent la liberté de s’absenter pendant trois jours, la moitié de leur nombre à la fois. Cette permission leur devint d’autant plus avantageuse, que les principaux habitans de la ville, émus de compassion, favorisaient leurs courses. Elles duraient quelquefois un mois entier. Tout ce qu’ils avaient amassé se partageait en commun. Ils continuèrent de mener cette vie jusqu’au rappel du gouverneur, qui fut créé général des troupes royales : c’est la seconde dignité du royaume. Son successeur adoucit beaucoup le sort des Hollandais de Say-Syane en ordonnant qu’ils fussent traités comme leurs compagnons l’étaient dans les autres villes. Ils furent déchargés de tous les travaux pénibles ; on ne les obligea plus qu’à passer en revue chaque mois, à garder leur maison à leur tour, ou du moins à faire savoir au secrétaire dans quel lieu ils allaient, lorsqu’ils avaient la permission de sortir.

Entre plusieurs autres faveurs, ce gouver-