Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/113

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neur leur donnait quelquefois à manger ; et, s’attendrissant sur leur infortune, il leur demandait pourquoi, étant si près de la mer, ils n’entreprenaient pas de passer au Japon. Ils répondaient qu’ils n’osaient hasarder de déplaire au roi. Ils ajoutaient que d’ailleurs ils ignoraient le chemin, et qu’ils manquaient de vaisseaux. « Quoi ! reprenait-il, n’y a-t-il point assez de barques sur la côte ? » Ils affectaient de répondre qu’elles ne leur appartenaient pas, et que, s’ils manquaient leur entreprise, ils craignaient d’être traités comme des voleurs et des déserteurs. Le gouverneur riait de leurs scrupules. Il ne s’imaginait pas qu’ils ne lui tenaient ce langage que pour écarter ses soupçons, et que jour et nuit ils ne pensaient qu’aux moyens de se procurer une barque. Les Hollandais furent, à cette époque, vengés du gouverneur précédent : il n’avait joui de sa nouvelle dignité qu’environ quatre mois. Ayant été accusé d’avoir condamné trop légèrement à mort plusieurs personnes de différens ordres, il fut condamné, par le roi, à recevoir quatre-vingt-dix coups sur les os des jambes, et à être banni perpétuellement.

Vers la fin de cette année, on vit paraître une comète ; elle fut suivie de deux autres, qui se montrèrent toutes deux à la fois pendant environ deux mois. La cour en conçut, tant d’alarme, que le roi fit doubler la garde dans tous ses ports et sur tous ses vaisseaux. Il donna ordre que toutes ses forteresses fussent