Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/114

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bien munies de provisions de guerre et de bouche, et que ses troupes fussent exercées tous les jours. La crainte qu’il avait d’être attaqué par quelque voisin alla jusqu’à lui faire défendre qu’on allumât du feu pendant la nuit dans les maisons qui pouvaient être aperçues de la mer. On avait vu les mêmes phénomènes lorsque les Tartares avaient ravagé le pays ; et l’on se souvenait d’avoir été averti par des signes de cette nature avant la guerre des Japonais contre la Corée. Les habitans ne rencontraient pas les Hollandais sans leur demander ce qu’on pensait des comètes dans leur pays. Ils répondaient qu’elles étaient le pronostic de quelque terrible événement, tel que la peste, la guerre ou la famine, et quelquefois de ces trois malheurs ensemble. Ils parlaient de bonne foi, remarque l’auteur avec beaucoup de simplicité, parce qu’ils avaient été convaincus de cette vérité par l’expérience.

Comme ils passèrent fort tranquillement l’année 1664 et la suivante, tous leurs soins se rapportèrent à se rendre maîtres d’une barque ; mais ils eurent le chagrin de ne pas réussir. Ils allaient quelquefois à la rame le long du rivage, dans un bateau qui leur servait à chercher de quoi vivre. Quelquefois ils faisaient le tour des petites îles pour observer tout ce qui pouvait être favorable à leur évasion. Leurs compagnons, qui étaient dans les deux autres villes, venaient les visiter par in-