Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/117

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nig-Sé, et d’apporter du bois propre à faire des flèches. Le chagrin de leur situation les fit penser à profiter de la maladie de leur tyran pour se procurer une barque, quelques risques qu’ils dussent courir. Ils employèrent dans cette vue un Coréen qui leur avait plusieurs obligations. Ils le chargèrent de leur acheter une barque, sous prétexte du besoin qu’ils en avaient pour mendier du coton dans les îles voisines ; ils lui promirent à leur tour une part considérable aux aumônes qu’ils se flattaient de recueillir. La barque fut achetée ; mais le pêcheur qui l’avait vendue, ayant su que c’était pour leur usage, voulut rompre son marché, dans la crainte d’être puni de mort, s’ils s’en servaient pour leur évasion. Cependant l’offre de doubler le prix lui fit oublier toutes ses craintes, et le marché tint à la grande satisfaction des Hollandais.

Aussitôt qu’ils se trouvèrent en liberté, ils fournirent leur bâtiment d’une voile, d’une ancre, de cordages, d’avirons et autres instrumens nécessaires, résolus de partir au premier quartier de la lune, qui était l’instant le plus favorable. Ils retinrent deux de leurs compatriotes qui étaient venus les visiter. D’un autre côté, ils firent venir de Namman Jean Péters de Vries, habile matelot, pour leur servir de pilote. Quoique les habitans les plus voisins de leur demeure ne fussent pas sans quelque défiance, les Hollandais sortirent la nuit du 4 septembre 1667, aussitôt que la lune eut cessé