Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/118

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de luire, et, se glissant le long du mur de la ville avec leur provision, qui consistait en riz, avec quelques pots d’eau et une marmite, ils gagnèrent le rivage au nombre de huit, sans avoir été découverts. Il ne restait que seize Hollandais, de trente-six qui s’étaient sauvés du naufrage : les huit autres, qui ne purent s’échapper de la Corée, y finirent vraisemblablement leurs jours ; au moins on n’a point eu de leurs nouvelles depuis.

Ils commencèrent par remplir un tonneau d’eau fraiche dans une petite île qui n’est qu’à la portée du canon. Ensuite ils eurent la hardiesse de passer devant les vaisseaux de la ville et devant les frégates mêmes du roi, en prenant le large dans le canal, autant qu’il était possible. Le 5 au matin, lorsqu’ils étaient presque en mer, un pêcheur leur cria qui vive ! mais ils se gardèrent bien de répondre, dans la crainte que ce ne fût quelque garde avancée des vaisseaux de guerre, mouillés à peu de distance. Au lever du soleil, le vent leur ayant manqué, ils se servirent de leurs avirons. Vers midi, le vent fraîchit. Ils portèrent alors au sud-est, sur leurs simples conjectures, et, doublant la pointe de la Corée dans le cours de la nuit suivante, ils n’appréhendèrent plus d’être poursuivis.

Le 6 au matin, ils se trouvèrent fort près de la première île du Japon, et le vent ne cessant pas de les favoriser, ils arrivèrent sans le savoir devant l’île de Firando, où ils n’osè-