Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/136

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comme en escouades de dix, de vingt, et quelquefois de trente. C’est le plus vieux qui gouverne et qui a droit de faire punir les négligences par la bastonnade sur les fesses. Mais si l’offense est grave, le coupable est livré au gouverneur de la ville dont le monastère dépend. Comme tout le monde a la liberté d’embrasser l’état de moine, la Corée en est remplie, d’autant plus qu’ils ont la liberté d’abandonner leur état lorsqu’il leur déplaît : cependant les moines ne sont pas en général beaucoup plus respectés que les esclaves. Le gouvernement les accable d’impôts et les assujettit à des travaux.

Leurs supérieurs ne laissent pas de jouir d’une grande considération, surtout lorsqu’ils ont quelque savoir ; car, dans ce cas, ils vont de pair avec les grands du royaume. On les nomme moines du roi ; ils portent sur leur habit la marque de leur ordre ; ils ont le pouvoir de juger comme les officiers subalternes, et de faire leurs visites à cheval. Les moines se rasent la tête et la barbe. Ils ne peuvent rien manger qui ait eu vie, ni entretenir aucun commerce avec les femmes. Ceux qui violent ces règles sont condamnés à la bastonnade et bannis de leurs couvens. À l’époque de leur tonsure, les religieux reçoivent sur le bras une marque qui ne s’efface jamais, et à laquelle on les reconnaît quand ils ont quitté le froc. Ils travaillent, ou bien ils font quelque commerce pour gagner leur vie.