Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écharpe fort large ; d’autres ferment le cortége en bon ordre : il est précédé par divers officiers à pied et à cheval, dont les uns portent des enseignes et des bannières, tandis que d’autres jouent de divers instrumens guerriers. La garde du corps, qui vient ensuite, est composée des principaux bourgeois de la capitale. Le roi est au milieu, porté sous un dais fort riche. Chacun garde un profond silence, et la plupart des soldats portent un petit bâton dans leur bouche, afin qu’on ne puisse les accuser d’avoir fait le moindre bruit. Si le roi passe devant quelqu’un, soit officiers ou soldats, ils sont obligés de tourner le dos, sans oser jeter sur lui le moindre regard, et sans oser même tousser. Immédiatement devant lui marche un secrétaire d’état ou quelque autre officier de distinction, avec une petite boîte dans laquelle il met les placets et les requêtes qu’on lui présente au bout d’un roseau, ou qu’il voit suspendus aux murs ; de sorte qu’on ne voit jamais de quelle main ils lui viennent. Ceux qui pendent aux murs lui sont apportés par des sergens qui n’ont pas d’autre fonction. Le roi, de retour à son palais, se fait présenter toutes ces suppliques, et les ordres qu’il donne à cette occasion sont exécutés sur-le-champ. Toutes les portes et les fenêtres sont fermées dans les rues par lesquelles il passe. Personne n’aurait la hardiesse de les entr’ouvrir, encore moins celle de regarder par-dessus les murs et les palissades.