Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/244

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ment sablonneux, le reste des plaines a d’excellens pâturages, où l’herbe est fort abondante : elle s’élève jusqu’à la ceinture ; et si le pays ne manquait pas d’eau, elle croîtrait de la hauteur d’un homme ; mais la sécheresse nuit bientôt à ses racines, et la flétrit. Les habitans, ayant remarqué que l’herbe sèche étouffe celle qui renaît, y mettent le feu, à l’entrée du printemps, et la flamme s’étendant aussi loin qu’elle rencontre de l’aliment, embrasse quelquefois plus de cent lieues de pays. La nouvelle herbe croît ensuite avec tant de force, qu’en moins de quinze jours elle s’élève à hauteur d’un demi-pied ; ce qui prouve que la terre est fertile, et qu’il ne lui manque que de l’eau pour que l’on y voie les plus belles plaines du monde. Aussi les parties qui sont arrosées par des sources et des rivières suffiraient-elles pour la subsistance d’un beaucoup plus grand nombre d’habitans, si elles étaient mieux cultivées ; mais il n’y a que les Tartares mahométans qui cultivent leurs terres ; encore ne labourent-ils que ce qui est précisément nécessaire à leur subsistance. Les Kalmouks et la plus grande partie des peuples mongols dédaignent l’agriculture : ils ne subsistent que de leurs troupeaux ; et c’est la raison qui les empêche d’avoir des demeures fixes. Ils changent de camp à chaque saison. Chaque horde ou chaque tribu a son canton, dont elle habite la partie méridionale en hiver, et