Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/247

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Les saïgas sont des animaux sociables et voyageurs ; ils se rassemblent en automne en grandes troupes, quelquefois au nombre de dix mille, pour se rendre dans les déserts plus méridionaux ; mais ils reviennent au printemps, isolés ou par petites troupes. Ils ne s’éloignent point des eaux, et les sentiers par lesquels ils vont boire sont toujours battus. Ils plongent leur museau entier pour boire, et c’est par leurs narines qu’ils prennent la plus grande partie de l’eau. On les voit rarement seuls, et pendant que la troupe dort, il en reste toujours quelques-uns qui font la garde ; cet instinct se conserve même parmi les saïgas domestiques. On les élève facilement lorsqu’on les prend jeunes. On les nourrit avec du lait, et ils s’attachent à celui qui leur donne à manger. Ils s’apprivoisent si bien, qu’ils suivent leur maître partout, même à la nage, le reconnaissent à la voix et le flattent. Lorsqu’ils sont un peu grands, ils cherchent leur nourriture près des habitations, et même dans les campagnes, où on les laisse en liberté, ils ne s’y joignent pas aux saïgas sauvages, et reviennent le soir au logis. Ils ne prennent dans le foin que les feuilles des herbes, rejettent les graminées, et refusent aussi les pousses d’arbre. Ils ne craignent point les chiens, et ceux-ci les laissent aussi tranquilles que les autres bestiaux de la maison. Lorsqu’on les prend vieux, ils restent toujours sauvages, et refusent de manger.