Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 10.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même aux peuples voisins. Les chameaux réussissent très-bien dans les steppes habitées par les Kalmouks, à cause de la grande quantité de plantes salines qui s’y trouvent, et que ces bêtes aiment beaucoup. Les Kalmouks sont cependant obligés de les soigner en hiver, et de les garantir du froid en les couvrant de paillassons de roseaux, ou de vieux morceaux de feutre.

Leurs nombreux troupeaux leur fournissent beaucoup de lait en été ; c’est aussi la base de leur nourriture. Ils ont plus de chevaux que de bêtes à cornes, et préfèrent le lait de jument à celui de vache ; de même que les Mongols, ils le trouvent meilleur et plus gras, et, comme les autres peuples mongols, en font une sorte d’eau-de-vie. Après qu’il est aigri, ce qui ne demande que deux nuits, ils le mettent dans des pots de terre, qu’ils bouchent soigneusement avec une sorte d’entonnoir, pour la distillation ; ils en tirent sur le feu une liqueur aussi claire que l’eau-de-vie de grain ; mais elle doit passer deux fois sur le feu : ils l’appellent aréka. Dès que l’eau-de-vie est passée, on ôte le tuyau et les couvercles qui ont servi à l’opération ; on la verse d’une seule fois dans une gamelle ; on la met ensuite dans des outres, et l’on invite tous ses voisins. Quand tout le monde est réuni, le maître de la tente verse un peu d’eau-de-vie dans une jatte ; il en verse une partie sur le feu, et l’autre vers l’ouverture par laquelle s’échappe la fumée ; puis il rompt