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le Thibet par une route différente de celle que les Européens suivent ordinairement : ils partirent de Pékin en 1661. Trente jours de marche les conduisirent à Si-ning-oeï, ville du Chen-si, qui, par sa situation près de la grande muraille, sert de porte aux marchands de l’Inde pour entrer en Chine. Ils s’y arrêtent jusqu’à l’arrivée des lettres de l’empereur, sans lesquelles il ne leur est pas permis de pénétrer plus loin. La grande muraille est si large près de cette ville, que six chevaux y peuvent courir de front sans se gêner l’un l’autre. Les habitans de Si-ning-oeï y vont prendre l’air, qui est fort sain, parce qu’il vient du désert, et jouissent d’une belle vue. Le désert est composé de montagnes et de plaines ; mais il est partout également sablonneux et stérile, excepté qu’en divers endroits on y rencontre de petits ruisseaux dont les bords offrent d’assez bons pâturages. C’est dans ces vastes et stériles espaces que les Kalmouks font leur séjour ; ils logent sous des tentes, qu’ils transportent d’une rivière à une autre, ou dans les lieux qui leur offrent de bons pâturages.

En sortant de la Chine, Grueber voyagea dans les sables du désert, et en trois jours arriva sur les bords du Kokonor, grand lac, dont le nom signifie lac bleu. Ayant laissé cette mer derrière lui, il passa le Hoang-ho, traversa le pays de Toktotay qui est à peu près inhabité, et que son extrême stérilité met