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soin et la plus grande propreté, on le place sur une platine de fer ou de cuivre, chauffée préalablement dans un four ; on la remue sans cesse avec la main, jusqu’à ce que la chaleur ait été répartie également. Pendant cette demi-cuisson, il sort des feuilles un suc verdâtre, qui coule sur la platine ; alors on répand le thé sur une natte, et on le roule avec la paume de la main, jusqu’à ce que les feuilles paraissent frisées ; ensuite on les place sur la platine qui a été lavée à l’eau bouillante, séchée et remise au four. On répète cette opération plusieurs fois, en diminuant graduellement le feu, jusqu’à ce que le thé soit entièrement privé d’humidité : alors on l’enferme dans de grands vases de porcelaine ou dans des boîtes d’étain. Cette méthode est celle des Japonais. Les Chinois, avant de torréfier le thé, le passent quelques minutes dans l’eau bouillante, et le font sécher ensuite ; cette première infusion enlève, selon eux, le suc âcre et narcotique qui rend l’usage du thé frais si malfaisant. Il y a des maisons publiques destinées à la préparation du thé. On les nomme tcha-si. Chacun peut y porter ses feuilles pour les faire rôtir.

Les ouvriers qui préparent le thé pour l’empereur mettent dans leur manipulation la plus grande patience et la plus scrupuleuse recherche. Ils remuent le thé sur les platines, jusqu’à se brûler les mains ; ils ont grand soin de terminer leur opération dans un seul jour, pour que les feuilles ne se noircissent pas : ils