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de moines et de parens, dans un champ hors de la ville, où l’on tient des chiens dans un endroit fermé. Des bouchers détachent la chair des os, la jettent aux chiens et leur donnent même les os concassés en petits morceaux pour qu’ils les mangent, ou bien les jettent tout entiers dans la rivière. Les parens prennent un morceau de la partie supérieure du crâne, ou quelques os dépouillés de la chair, et les gardent en mémoire du défunt.

» On jette aussi les corps dans l’eau, mais cela ne se pratique que pour les gens du commun. Enfin la manière la moins distinguée de disposer d’un cadavre est de l’inhumer. »

Ces détails ne sont pas entièrement conformes à ceux que donne Bogle ; car il dit que les Thibétains n’enterrent pas les corps comme les Européens, et ne les brûlent pas comme les Indous, mais les exposent à l’air sur le sommet d’une montagne voisine, pour qu’ils y soient dévorés par les bêtes féroces et les oiseaux de proie, ou consumés par le temps et les vicissitudes des saisons. « On voit, ajoute-t-il, des carcasses mutilées et des os blanchis dispersés sur les lieux où se fait cette exposition, et au milieu de ce spectacle dégoûtant, de malheureux vieillards, hommes et femmes, étrangers à tout autre sentiment qu’à celui de la superstition, établir là leur demeure pour remplir le fâcheux emploi de recevoir les corps, d’assigner à chacun sa place, et de ramasser leurs tristes restes, quand ils sont trop dispersés. » Peut-