dieu des remercîmens solennels. Le chef de ces prophètes, qui rappellent les chamans ou sorciers de l’Asie boréale, jouit de grands honneurs, et accompagne toujours le dalaï-lama dans ses voyages. Le peuple fait un grand nombre de contes sur les qualités miraculeuses qu’il lui prête. Ce sont ces prophètes dont les missionnaires ont parlé, et qu’ils ont représentés comme des jeunes gens auxquels on accordait à certains jours de l’année la liberté de tuer sans distinction toutes les personnes qu’ils rencontraient, parce qu’on supposait que ceux qui mouraient de leur main, jouissaient à l’instant du bonheur éternel.
Divers voyageurs s’accordent à donner une idée favorable des lamas, même chez les peuples nomades. D’après leurs récits, ces prêtres enseignent et pratiquent les trois grands devoirs fondamentaux, qui consistent à honorer Dieu, à n’offenser personne, et à rendre à chacun ce qui lui appartient. Les deux derniers de ces préceptes sont prouvés par la vie qu’ils mènent : ils soutiennent fortement la nécessité d’adorer un seul Dieu ; ils regardent le dalaï-lama et les koutouktous comme ses serviteurs, auxquels il se communique pour l’instruction et l’utilité des hommes ; les images qu’ils honorent ne sont que des représentations de la Divinité ou de quelques saints personnages, et ils ne les exposent à la vue du peuple que pour lui rappeler les idées du devoir. Rien ne fait mieux voir que chez les nations les plus bar-