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Pékin, pendant l’hiver, sur plusieurs places publiques, des tas de diverses sortes d’animaux volatiles, terrestres et aquatiques, durcis par le froid, qui les garantit de la corruption : on y voit une quantité prodigieuse de chevreuils, de daims, de cerfs, de sangliers, de boucs, d’élans, de lièvres, de lapins, d’écureuils, de chats et rats sauvages ; sans parler des bécasses, des cailles, des oies, des canards, des perdrix, des faisans, et d’une infinité d’animaux qui ne se trouvent point en Europe, et qui se vendent à très-bon marché. Les ours, les tigres, les buffles, les chameaux, les rhinocéros y sont aussi en grand nombre ; on n’y voit pas de lions. Il est inutile de nommer les bœufs, les vaches, les moutons, et les autres animaux domestiques, qui ne sont pas moins communs à la Chine qu’en Europe.

Les tigres de la Chine sont non-seulement fort nombreux, mais encore d’une grosseur et d’une férocité extraordinaires. On aurait peine à croire combien ils tuent et dévorent d’hommes. Un chrétien chinois racontait à Navarette que, sur le chemin de Canton à Haynan, ils se rangent en troupes de cent et de deux cents ; que les voyageurs n’osent passer dans ces lieux, s’ils ne sont au nombre de cent ou de cent cinquante ; et que dans certaines années, ces monstrueux animaux ont dévoré jusqu’à six mille personnes. On peut croire ces récits fort exagérés par la peur, qui produit tant de fables populaires. On a vu un de ces