le transporte jusqu’à Pékin : le profit monte quelquefois au centuple de la dépense, parce que le peuple se nourrit presque uniquement de poisson. On en tire des rivières et des lacs pour peupler les canaux. Il en vient aussi de la mer, qui remonte assez loin dans les rivières. On en prend quelquefois de très-gros à plus de cent cinquante lieues de la côte.
L’Europe a peu de poissons qui ne se trouvent à la Chine ; les lamproies, les carpes, les soles, les saumons, les truites, les esturgeons, y sont communs ; elle en a quantité d’autres qui nous sont inconnus, et dont le goût est excellent.
Le poisson le plus remarquable est le kin-yu, ou le poisson doré. On le nourrit, soit dans de petits étangs faits exprès, qui servent d’ornement aux maisons de campagne des princes et des seigneurs, soit dans des vases plus profonds que larges. On ne met dans ces vases que les plus petits qu’on peut trouver ; plus ils sont petits, plus ils paraissent beaux ; l’on peut d’ailleurs en avoir un plus grand nombre, et ils sont plus divertissans. Les plus jolis sont d’un beau rouge, comme semé de poudre d’or, surtout vers la queue, qui se termine par deux ou trois pointes. Quelques-uns sont d’une blancheur argentée, d’autres sont blancs, d’autres marqués de rouge ; les uns et les autres sont également vifs et actifs. Ils aiment à jouer à la surface de l’eau ; mais ils sont si délicats, que la moindre injure de l’air, ou une secousse