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l’empire, prétendent, sur le témoignage des habitans, que l’île de Hai-nan n’a pas de lac auquel on puisse attribuer cette vertu ; mais ils semblent reconnaître qu’entre cette île et les côtes de Kao-tcheou, dans la province de Quan-tong, on trouve une espèce d’écrevisse qui est sujette à se pétrifier sans perdre sa forme naturelle. Ils ajoutent que c’est un spécifique contre les fièvres ardentes et malignes.

On raconte encore à la Chine des merveilles de l’eau de certains lacs et de quelques rivières ; mais ce qui se débite à ce sujet, dit le père Duhalde, a semblé aussi faux qu’il a toujours paru peu vraisemblable. Dans tous les pays, la nature étant la même, les effets extraordinaires doivent être rares, et ils ne le seraient pas, si tout ce qu’on dit à la Chine sur cette matière était véritable.

Il a déjà été question plusieurs fois dans cet ouvrage de la grande muraille qui sépare la Chine de la Tartarie ; mais ce monument étant celui qui cause le plus grand étonnement aux étrangers, l’on a pensé qu’il convenait d’en donner une description particulière.

Lorsque l’on approche de cette muraille en venant de Pékin, l’on aperçoit sur les hauteurs, au loin, comme une ligne proéminente, ou plutôt une marque étroite et inégale semblable à celle que forment quelquefois, mais plus irrégulièrement, les veines des quartz sur les montagnes de gneiss. La continuité de cette ligne sur le sommet des montagnes de Tartarie