suffit pour captiver l’attention des voyageurs. En avançant, on ne tarde pas à distinguer la forme d’une muraille avec des créneaux dans des endroits où l’on ne s’attend pas ordinairement à trouver de pareils ouvrages, et où l’on ne croit pas même qu’il soit possible de les construire.
Tout ce que l’œil peut embrasser à la fois de cette muraille fortifiée, prolongée sur la chaîne des montagnes et sur les sommets les plus élevés, descendant dans les plus profondes vallées, traversant les rivières par des arches qui la soutiennent, doublée, triplée en plusieurs endroits pour rendre les passages plus difficiles, et ayant des tours ou de forts bastions à peu près de cent pas en cent pas, tout cet ensemble présente à l’esprit l’idée d’une entreprise gigantesque.
Mais quelque prodigieuses que soient les dimensions de cette barrière destinée à arrêter les Tartares, ce n’est pas ce qui frappe le plus les voyageurs dont elle fixe les regards. Ce qui n’est que le simple résultat d’un travail long et multiplié excite rarement l’étonnement ; mais ce qui cause une surprise et une admiration réelles, c’est l’extrême difficulté de concevoir comment on a pu porter des matériaux et bâtir ces murs dans des endroits qui semblent inaccessibles. L’une des montagnes les plus élevées, sur lesquelles se prolonge la grande muraille, a, d’après une mesure exacte, cinq mille deux cent vingt-cinq pieds de haut.