Cette espèce de fortification, car le nom de muraille ne donne pas une juste idée de sa structure, cette fortification a, dit-on, quinze cents milles de long ; mais à la vérité elle n’est pas partout également bien construite, et plusieurs des moindres ouvrages en dedans du grand rempart cèdent aux efforts du temps, et commencent à tomber en ruine ; d’autres ont été réparés ; mais la muraille principale paraît, presque partout, avoir été bâtie avec tant de soin et d’habileté, que, sans que l’on ait jamais eu besoin d’y toucher, elle se conserve entière depuis deux mille ans ; et elle paraît aussi peu susceptible de dégradation que les boulevards de rochers que la nature a élevés elle-même entre la Chine et la Tartarie.
On ne sait pas avec précision à quelle époque remonte la fondation de ce monument ; mais on sait avec certitude, puisque le souvenir en est consigné dans les annales de l’empire, qu’il fut achevé dans le troisième siècle avant l’ère chrétienne. Durant seize siècles il a suffi pour arrêter les incursions des hordes tartares ; mais il offrit une résistance vaine au torrent que Gengis-khan entraînait avec lui. Les descendans de ce conquérant ne surent pas conserver le même avantage ; en moins d’un siècle, ils furent chassés de la Chine. Vers le milieu du dix-septième siècle, la violence des guerres intestines ramena les Tartares dans l’empire ; ils s’y sont établis, et y règnent.
Indépendamment des moyens de défense